LE BUS DE FOREST GUMP - 02/12/2008

Publié le par matthias

 

Le transport par bus est le moyen de transport le plus communément partagé dans l'ensemble des pays d'Amérique du Sud pour les petites et longues distances . Les expériences sont donc nombreuses . C'est un peu comme la boite de chocolat de Forest Gump , on ne sais pas d'avance sur quoi on va tomber .

Et tout comme Forest , il m'est arrivé de courir après, les horaires de passage , pour les bus très locaux , pouvant être aléatoires . Sur ce, tout dépend de l'endroit où l'on se trouve à ce moment là - complètement paumé ou non - car il faut bien réfléchir avant d'entreprendre cette course, beaucoup d'obstacles pouvant se présenter sur les trottoirs ou contre-allées des routes argentines ou brésiliennes : multiples trous, cailloux plus ou moins gros , morceaux de fer dépassant perfidement ,  anfractuosités  du sol liées aux racines des arbres ou à l'usure , chiens pouilleux, etc, etc .

A une heure de route de Posadas en Argentine , je reste coincé dans le petit village de San Ignacio après avoir visité les ruines de la Mission Jésuite homonyme - sorte de projet pré-communiste de la Compagnie de Jésus, expérimenté avec succès avec les tribus d'indiens guaranis , en vue de leur évangélisation, aboutissant à un synchrétisme avec les divinités locales, au 17ème et 18ème siècle . Mise en commun des productions agricoles et collectivisation du temps de travail au profit des prêtres de la Compagnie ( les indiens devant donner la moitié de leur temps aux Missions et à la Gloire de l'Eglise, en particulier par l'apprentissage des arts pour lesquels ils avaient apparemment beaucoup d'aptitude ( sculpture , peinture , musique, architecture , … ) . En échange,  les Guaranis étaient protégés contre les velléités belliqueuses des autres tribus du coin et recevaient la moitié des récoltes et du bétail . Tout s'acheva vers la fin du 18ème quand la Couronne Espagnole, devenue jalouse d'une certaine indépendance des Missions dans cette région, et voyant l'emprise totale de la Compagnie sur les populations et les productions locales, décidât d'expulser les Jésuites de tous ses Territoires : les indiens retournèrent à leur forêt , tout en gardant une grande renommée de musiciens  .  
Donc, à San Ignacio , à une heure avancée de l'après-midi, je vois au loin un bus stationné à l'endroit prévu , sauf que je suis encore à 200 mètres : je mets le turbo à mes célèbres chaussures de spartiate – ou d'allemand , comme on veut - , et vlan !, je me viande littéralement sur une pierre . Déjà bien échauffé , je continue de courir pour chopper le bus : c'était le bus scolaire … Je regarde alors les dégâts : un orteil en sang . Faisant dans ma tête un mix entre les conseils du bouquin que Sandra m'a offert avant de partir ( soit comment se sortir de gros embarras en voyage , types enlèvement , tomber sous la banquise, hôtel en flamme , piqures de migale, et là en ce qui me concerne l'amputation d'un membre puis greffe dudit membre gardé au milieu de glaçons sans pour autant le congeler , attention !!!), et avec le vieux sketch de Poiret et Serrault, « comment avoir un orgelet »( avec pour mon cas  « quand l'orteil tombe , il est guéri ! »), pour éviter tout cela je nettoyais soigneusement la plaie les jours suivants , et tout se passa bien .

Autre expérience de bus, cette fois auditive , dans celui qui m'amena en 5 heures à Iguazu pour voir les chutes  phénoménales, l'énorme parc qui l'entoure, ses multiples animaux ao vivo  ( dont le coatis cet sorte de raton-laveur , le tatou -  attaqué par cette «  autruche » préhistorique avec corne sur le haut de la tête ( cf photo) , mais ayant la peau dure le tatou -, pleins d'iguanes, et de magnifiques papillons ), son génial parc aux oiseaux  côté brésilien où les toucans étaient bien intrigués par mon super sac offert par Estelle . J'arrive à monter dans le bus de ligne qui relie Buenos Aires à Iguazu au dernier tiers du parcours , évitant ainsi l'omnibus local qui mettait quelques heures de plus pour le même parcours. A l'intérieur c'est un peu l'apocalypse : il est 9 heures du mat et beaucoup de personnes sont déjà descendus , les autres , pour la plupart des backpackers comateux , ébouriffés et mal rasés , ont laissé par terre les reliefs de leurs repas.  Et puis retenti ABBA !  : c'est Mamma Mia , le film avec Meryl Streep : cool !!!!!, ça fait seulement la 4ème fois que le voit, en un peu plus d'un mois ... Une fois à sa sortie pour me vider la tête ( effet garanti), deux fois dans l'avion ( la seconde fois pour m'endormir et me réveiller avec Take a chance for me  en tête le lendemain ), puis cette fois-ci . Je connais maintenant tous les effets de suspenses ( et ils sont nombreux …) , toutes les répliques par coeur et le jeu subtile de Meryl mériterait un nouvel oscar ou bien la Médaille du courage .

Le second film fut bien plus mémorable encore . Celui-là je ne l'avais pas vu : un chef-d'oeuvre d'histoire de vengeance avec violence gratuite à tous les étages, le tout scénarisé maladivement par Luc Besson. Taken  ça s'appelle . Pour la transition avec Mamma Mia , faudra repasser .

Liam Neesson , le héros , ancien des services secrets, voit sa fille être enlevé à Paris par de très affreux et ignobles français, tous membres d'un vaste réseau de traites spécialisé dans l'oie blanche made in USA fraichement débarquée de l'avion . Son sang ne faisant qu'un tour il décide de zigouiller tous ceux qui sont impliqués,  à lui tout seul, en utilisant de multiples méthodes de tortures que Jack Bauer ou les sergents US d'Abou Graïb n'auraient pas renié . Vous me direz , je n'étais pas obligé de regarder . Soit , sauf j'était obligé d'entendre , d'autant qu'en pleine séance de torture la sono s'est mise à déraper et se fût des hurlements dans tout le bus ( provenant du mec mal en point entre les mains savantes de Liam ), chacun des passagers s'est alors regardé avec l'air de dire «  qu'est-ce que l'on fout là », et moi je me suis mis de la Samba à fond dans les oreilles , histoire de faire passer .
Sinon , je ne vous parlerai pas de la fois où le bus local ne s'est pas arrêté au poste frontière Argentino-Brésilien , me faisant de fait devenir sans le vouloir un sans-papier au Brésil ( ça s'est arrangé ensuite : j'ai fait le chemin inverse à pied dans le no-man-land) , ou de la gentille petite fille hystérique dès la moindre secousse du bus :  ici les enfants sont vraiment considérés comme des rois/reines , des petits dieux , surtout les petites filles . Rien ne semble trop beau pour eux , en fonction de ses propres moyens . Ils semblent n'être jamais grondés , en tout cas au regard des mêmes bétises que pourrait faire un petit français ; il faut voir et entendre deux mamans revenant du marché et se montrant réciproquement les nouveaux petits t-shirts ,  pour parfaites mini-miss , tous trés pailletés et multicolores avec des intonations de voix plus mièvres tu meurs !

Demain c'est le prochain bus ( 13 heures entre Curitiba et Rio ) , j'ai hâte !

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B
Je suis dégouté, j'ai pas vu autant d'animaux à Iguacu. J'étais seulement du coté bresilien. Ceci explique peut etre cela
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M
Morceau de bravoure, le bus !<br /> un délice de te lire !<br /> Bisous<br /> marie
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