LE MIRAGE OCCIDENTAL - 22-23-24/02/2009
Je sors de Boîte .Un peu sourd . Et en plein jetlag .
A Sydney .
Il n'est pourtant, que , bientôt , 0H01, le 24 février . Quelqu'un m'a volé le 22 , mais le Docteur G n'est plus là pour m'expliquer la théorie du Jour d'Avant .
Vous ne pouvez pas savoir – et moi je ne le savais pas moi-même avant – ce que ça peut faire comme bien de retrouver l'Occident , même aux antipodes , après plus de 3 mois de voyages . Et ce sans aucun sentiment péjoratif à l'encontre de tous les magnifiques pays que j'ai maintenant traversé , et les gens formidables que j'y ai croisé .
Cette première soirée à Sydney aura été ma Madeleine de Proust pour me rappeler d'où je viens , et où je reviendrai .
Je suis maintenant parti il y a moins de 24 heures de Papeete , réveillé à 4 H30 du matin du 22 février afin de prendre mon avion pour l'Australie avec transit par Auckland . François, dont je vous vanterai prochainement l'hospitalité toute polynésienne , me conduit à l'aéroport de Faa , sous des trombes d'eau . Petit aperçu de la saison des pluies qui m'aura été largement épargné le reste du séjour . L'accueil polynésien , au départ, est aussi charmant qu'à l'arrivée, et chacun a droit à sa fleur de tiare à poser derrière l'oreille , préfigurant un agréable voyage tout en parfums des Iles .
Déjà à Auckland , Nouvelle-Zélande, le 23 février 13H , j'ai une impression de déjà-vu : tous ces gens , employés d'aéroport et passagers qui ont une pure tête d'anglais ou d'irlandais . L'aéroport exhale un parfum – celui-là métaphorique – d'opulence et de goûts tout occidentaux. Je m'attarde pas trop, la correspondance étant rapide . Le vol pour Sydney ne dure ensuite que 3 heures , le temps de visionner le fameux et neu-neu Australia , avec Nicole Kidman et Hugh Jackman , à la gloire de l'out-back australien .
Ca aurait été ma journée « Hugh Jackman » : dans le vol précédent j'avais zappé sur X-men 2 et les griffes de Wolverine , et arrivé à Sydney , les larges écrans plasma Samsung diffusent en direct la cérémonie des Oscars, avec le même Hugh en maître de cérémonie . Le temps pour moi d'assister au triomphe de Sean Penn , aux larmes de Kelly Capwell – et non , de Robin Wright Penn - , et j'arrive en quelques minutes à Central Station , près de laquelle se trouve mon auberge , élue - auto-élue ? - auberge de jeunesse de la Décennie ! Cela ressemble plus à un hôtel Campanile qu'à une auberge foutoir de l'Atacama . Dans d'anciens entrepots . Tout est super léché , propre et sans bavure . Carte magnétique pour rentrer dans la chambre-dortoir . Piscine couverte au dernier étage . En pleine City . Encerclé de grattes-ciels de verres et d'acier , rutilants .
Un truc bizarre : je n'arrive pas à répondre automatiquement en anglais à mes interlocuteurs et je cherche des mots simples en espagnol , alors que je ne parle même pas espagnol !!!!
La fatigue commence à se faire sentir , mais je me dis que voir l'Opéra et la baie, de nuit, et le premier soir , ça peut le faire !
Je descend quelques kilomètres sur Broadway street , en direction de la baie et en musardant dans les passages commerciaux encore ouverts .
Cette fois c'est certain , je suis de retour en Occident , mais dans un Occident de prospérité et de modernité . Comme pour l'auberge de jeunesse , le centre-ville est hyper-léché et maniéré . Les personnes croisées sont bien faites . Les restos et bars , pleins , occupent de larges espaces designés . La vie semble facile et douce ici . Une nouvelle Cythère .
Le crépuscule avance . Un petit tour au Supermarché pour voir si je ne me trompe pas et si je ne suis pas tombé dans un micro-quartier hyper friqué à la Sao Paulo . Non , apparemment les prix sont normaux , voir bon marché , et les produits courants . Changement radicale d'avec la Polynésie où le camenbert est à 8 euros et les légumes exhorbitants .
Evidemment , il doit certainement exister de vastes banlieux moins réjouissantes .
Arrivé au port, sous le pont dominant la baie et l'Opéra , dans le quartier des Rocks , je me retrouve comme dans un décor de cinéma : avec la nuit et ses éclairages , les vieux quartiers des docks , mal famés et dévastés par la peste en 1900, sont devenus la vitrine historique de la Ville , tous bien peints et bien pavés . En tout cas , architecture de bois façon pionnier, sympathique . Et toujours des bars design ou des pubs « pur pression » à l'australienne . Et comme je me perd agréablement un peu dans ces ruelles, je finis par prendre un taxi direction l'Auberge ou plutôt, situé en dessous, le Scubar .
J'ai lu un écriteau tout à l'heure à l'arrivée, ventant la Crab Race de ce soir et des portions à volontés . Le pays semblant également friand de recettes avec fruits de mer , je me vois déjà avec des pinces de 30 cm de long . Mais contre-sens total , il n'y a pas de restauration dans le bar, déjà super bien rempli à 21 H 30 , et la Crab Race est bien ce qu'elle est littéralement : une course de crabes , ou plutôt de crustacés avec une numéro au marqueur sur le dos . La jeunesse blonde et sportive s'époumonent autour de ses champions à coquille quand retenti un florilège de Dance French Touch - Bob Sinclar , David Guetta , Cérone , … - et tous de se trémousser, cools , un verre de bière à la main .
L'ambiance monte , monte et moi je remonte donc à près de minuit les marches de la boîte . Dehors c'est la foule, qui veut en être aussi .
Je rédige ce mail pour saluer Sydney la prometteuse , et dit au lit !