25/03 - 07/04/2009 - ANGKOR , ET POUR TOUJOURS , AVEC UNE PINCEE DE SIAM

Publié le par matthias

 

Je le sais , le jeu de mots est facile, mais il témoigne bien de la force et du pouvoir magnétique sur les esprits qu'exerce cette forteresse de pierre retrouvée au milieu de la jungle cambodgienne , après un quasi-oubli de cinq siècles .

Une véritable merveille que la Cité d'Angkor .

Ancienne capitale du riche royaume Khmer entre le 9ème et le 14ème siècle , ses « ruines » ont une merveilleuse puissance évocatrice et laissent facilement suggérer la splendeur de l'ensemble, couvrant près de 200 km² ! Gigantesque .

Aujourd'hui seuls ont pu subsister les bâtiments religieux bâtis de pierre , à la gloire de Civa ou Vishnu , puis de Bouddha . Les autres bâtiments, construits en bois et décrits avec détails par des chroniques chinoises , tel le toit d'Or du Palais royal ou les murs de pierres précieuses, ont évidemment disparus .

 

Les comparaisons françaises sont évidentes :

Versailles pour les bassins et les perspective façon Grand Siècle . Chambord pour ses allées d'arbres pluri-centenaires débouchant sur des façades de longues galeries et de tours . Azay-le-Rideau pour ces temples finement sculptés se reflétant dans l'eau . Partout la Renaissance , pour les linteaux de portes ressemblant à de la dentelle . Saint-Cloud pour le décor autour des plans d'eaux .

L'entrée du site se trouve à plus de 8 km de la ville où logent les touristes , l'exponentielle Siem Reap . Le tourisme est ici professionnel et s'adresse à la Planète entière . Pas grand chose de laisser au hasard : badge avec photo scannée, contrôles continus, batteries de guides officiels et officiant dans toutes les langues , hôtellerie pour tous budgets , mais avec l'accent mis sur la prestation haut de gamme .

Il est certain qu'Angkor est la Poule aux oeufs d'Or du Cambodge et les milliers de cambodgiens qui en vivent . Pour l'instant, la Poule semble chouchoutée et me rappelle le système touristique mis en place en Egypte pour la région de Louxor .

Pour nous , se sera un petit hôtel en centre ville , avec jolie piscine pour en profiter quand le soleil frappe de ses 40°C zénithaux nos petites têtes .

Les cambodgiens que nous croisons sont bien sympathiques et souriants , voir pleins d'humour, à l'exception de notre conducteur de tuk-tuk ( le taxi-moto local trainant sa petite charrette à touristes) , dont nous avons forfaitisé les prestations pour plusieurs jours . Lui, après avoir été hautement mielleux en nous proposant ses services , devient de plus en plus mesquin au fur et à mesure que passent le temps de la course , et s'entraîne certainement pour un concours international de tirage de gueule .

La visite des sites est un véritablement enchantement dont je ne me lasse pas, même après cinq jours .

Angkor sera le plus grand site archéologique à renommée mondiale que je visiterai pendant mon voyage . Et quel site ! Les ruines n'en sont pas vraiment , tant les temples ont été retrouvés intacts et remontés au cours du 20ème par des conservateurs de génie . Un ou deux temples témoins ont été laissés en l'état , en train d'être dévorés doucement par la végétation, ce qui fait également la renommée d'Angkor , la cité engloutie par la jungle .

Le désignation en tant que Nouvelle Merveille du Monde est amplement méritée .

La visite de notre premier temple restera certainement graver éternellement dans notre mémoire , à Virginie et à moi , tant la découverte est magnifique .

D'ailleurs , je visite principalement en référence au côté esthétique des lieux : leur histoire n'est pas vraiment connus et leur fonction religieuse est redondante . Les bas-reliefs peuvent raconter d'extraordinaires histoires cosmologiques , hindouistes ou bouddhistes , de combats de dieux et de démons , et le Barratage de la Mer de Lait grâce à la tortue Kurma soutenant le Mont Meru , n'a plus aucun secret pour nous ! Ici , pour une fois , l'influence n'est pas la Chine , mais l'Inde .


 

Ensuite , il faut savoir alterner véritable chef-d'oeuvre de l'art khmer, avec des sites secondaires, et s'aménager de petites poses rafraîchissantes au bord de la piscine de l'hôtel, ou du shopping pour certaine, sinon une certaine saturation pourrait vite arriver , tant il y a de choses à voir si concentrées . Un trop plein de beauté la dévalue certainement .

Les pillages ( récents ou séculaires ) et les multiples profanations des sites ne font pas oublié que cette beauté reste très fragile : la décapitation des danseuses , ermites et autres bouddhas de grès est une réalité présente sur chaque site que la cauchemardesque histoire récente du pays a certainement accéléré de par la faiblesse de l'Etat depuis la Guerre au Vietnam voisin, favorisant l'ascension , la chute et la guérilla des Khmers Rouges . Aujourd'hui la présence des mines anti-personnels posées par tous les camps belligérants autour des temples est de l'histoire ancienne , mais, un peu plus loin, cela reste le quotidien de la population rurale , et nombre d'habitants sont amputés .

 

Du Cambodge , je ne vois que la région autour de Siem Reap et la route pour la Thaïlande . Beaucoup d' infrastructures en construction ( écoles , universités, routes , réseau d'assainissement , …) L'aide internationale parait bien arriver jusqu'ici , en tout cas pour partie . La monnaie locale , dont je ne me souviens même plus du nom , ne semble pas avoir cours : partout les prix sont affichés en dollars ( hôtel , resto, supermarché), et tout se négocie dans la même monnaie . La souveraineté du pays est encore à construire à ce sujet .

De fait l'argent coule à flots à Angkor avec la manne touristique et les groupes de touristes asiatiques venus pour deux jours , et visitant au pas de charge les endroits les plus connus, tous pratiquement au même moment , après avoir quitté tôt le matin leur luxueux hotel-resort estampilé néo-kmer . Comme pour Venise, autre aimant touristique mondial , il est très facile d'éviter la foule : en se décalant des horaires des groupes , on peut avoir les sites pour soi , presque seul , sauf pour le fameux couché de soleil en haut d'un Temple Montagne dominant la plaine , où là on frôle la grande bousculade internationale avec roulé boulé général chino-ibérico-indo-français depuis le sommet .


 























Après une petite semaine , direction la Playa ! Le choix se porte sur la Thaïlande pour permettre à Virginie d'en profiter un maximum et de rentrer toute belle et toute bronzée . La description du guide de l'Ile de Koh Chang près de la frontière Cambodgienne est idéale . On contourne les échaufourrés militaires thaï-cambodgiens se disputant les ruines d'un temple placé inopportunément sur la tracé frontalier , et on arrive facilement sur l'Ile après un peu moins de 10 heures de transport .

Le changement de paysage entre les deux pays est encore flagrant : dès la frontière tout est vert partout ! Les thaïs ont vraiment l'air d'être ingénieux agriculteurs : plein de plantes cultivées , des forêts d'hévéas , même du riz en eau à cette saison sèche . Et en plus il pleut ! Sans doute le Roi Bhumibol, alias Rama IX , dont l'image dorée est omniprésente à chaque carrefour et dans chaque maison et boutique, y ait pour quelque chose , ayant inventé une machine à faire tomber la pluie … Cette présence photographique du monarque est étonnante tant elle est vraiment visible partout et le représente à n'importe quel âge de sa vie : clichés très 50's , ou bien avec tout le decorum doré de ses 60 ans de règne, mieux qu'Elisabeth Windsor ! Aujourd'hui il a 82 ans – Long life to the King! - , et semble un peu au bout du roulot après une vie très active (vouté, en fauteuil) , mais attention au crime de lèse-majesté encore d'actualité , aucune critique du Roi et de sa Royale Famille n'étant tolérée .

Sur Koh Chang , le taxi collectif nous débarque d'abord en pleine obscurité le long d'une plage sans sable, et repart … Nous voilà avec nos valises à longer , monter et descendre les routes de nuit, entourés de la jungle bruissante . Des lumières en bas . On débarque dans une bonne vieille rue made in hippie, slalomant dans une vaste palmeraie, avec ses alignements de tatoueurs, de bars et petits restos de plages . Ambiance coooooooooool . Mais toujours pas de sable , seulement des gros galets, donc dès le lendemain nous remontons plus au nord pour la plage de Khlong Prao et nous y trouvons enfin notre petit paradis balnéaire , avec bungalow en bambous , rudimentaire , resto surplombant la mer au couché du soleil , palmiers essayant de toucher l'eau transparente, sable blanc ( entre deux averses nocturnes ) , et tout et tout .
Quelques jours défilent .


Un petit tour en bateau pour voir des poissons , masque et tuba , où nous retrouvons les touristes  en plus grand nombre . Beaux spécimens représentatifs du Tourisme de masse de Thailande : des Russes en famille et des couples mixtes ( la jeune femme étant Thaïe). Avec notre plus beau specimen ( mais pas de souvenirs photographique quand même) : une charmante thaïlandaise avec de très mignonnes petites « papattes » de chat tatouées au sommet de ses seins . Vraiment un effet fou ! C'est un peu comme notre phare , avec Virginie , quand on cherche le reste de notre groupe .

Mais après la Plage il faut bien rentrer …

 

Retour sur Bangkok-city après que le mini-van ait déposé expéditivement Virginie à l'Aéroport, direction Paris : c'est l'heure des adieux avec Virginie  et Beyoncé, notre célèbre porte-monnaie commun qui en a vu de belles  . La soirée étant bien avancée , et ne connaissant que le quartier de Khao San traversé de nuit avec Julia il y a 3 semaines , j'y retourne . Mais la saveur n'est plus la même , et l'absence de nouveauté faisant , je trouve cela encore plus fabriqué . J'y retournerai ensuite deux soirs plus tard , le lundi pour m'y balader, et là , la magie se sera complètement évanouie : le quartier semble mort , sans touriste et surtout sans thaïs ( vacances et jour férié oblige ) . Un vrai carton-pâte, ce décor pour routard .

Je reste donc avec mes bons souvenirs hallucinatoires de la première nuit .

 

Comme j'aime définitivement bien le côté populaire des villes du Sud-Est Asiatique , j'opte ensuite pour le quartier de Thewet , juste au nord de Khao San . Miraculeusement, l'auberge de jeunesse possède de vrais prestations d'un 3 étoiles , ce qui me change des sanitaires communs , du ventilo brassant les 35°C et de l'absence de prise de courant dans ma chambre de la nuit précédente . Une vraie bonne surprise cette auberge, une des meilleures du Voyage .

 

Et en plus, je suis aux premières loges pour assister à ce qui retient l'attention de tous les medias locaux : les manifestations anti-gouvernementales des Rouges . Je comprend que le Berlusconi local , Mr Thaksin , démocratiquement élu , a été renversé par les militaires il y a 3 ans environ et que depuis quelques semaines , ces derniers ont remis le pouvoir à des civils qu'ils ont eux-même choisi . C'est un peu limite côté démocratique , et les partisans de Thaksin ne s'en laissent pas compter : avec un appui financier bien visible , des manifestations monstres et des sit-in sont organisés depuis des mois devant le siège du gouvernement . Rien de spontané : multiples barnums avec t-shirts , bandeaux, éventails écarlates et à l'effigie de l'ancien chef du gouvernement . Une grande kermesse familiale où l'on vient avec les enfants , les grands-parents , faire présence , au milieu des éternels stands de restauration en tout genre .


Le pays est bel et bien divisé en deux camps , et il est également visible qu'une partie de la population est pro-militaire et de fait encore plus proche de la royauté ( les deux étant intimement liés ) . La pouvoir militaire, avec le bon soutien américain, a été une bonne source de stabilité dans l'histoire contemporaine du pays quand tous les voisins devenaient communistes les uns après les autres , et aujourd'hui le port de l'uniforme paraît encore donner un pouvoir considérable . En vitrine des tailleurs , il y a autant de costumes de ville que d'uniformes militaires d'apparat .

Je visite la ville dans tous les sens sous une chaleur accablante, ainsi que les ruines de l'ancienne capitale Ayuthaya : saturations de temples , de palais , de kitsch thailandais avec ses mosaïques de verres de couleurs et ses dorures en veux-tu en voilà .

Le week-end grosse activité dans les temples bouddhistes , c'est les vacances et même un jour férié pour le lundi suivant , jour de fête de la Dynastie régnante . La pratique religieuse se rapproche pas mal de celle que j'ai pu observé à Singapour , mais avec encore plus de marchands du temple , vendeurs de gris-gris et autres amulettes . Le son entêtant du secouement des boîtes à bâtons divinatoires fait son effet , et je regarde les Thaïs, inquiets avant de recevoir du prêtre la réponse traduite du bâton sorti de la boîte . Il y a également la pratique de la feuille d'or placée sur une statue du bouddha , la donation de fleurs de lotus , les bâtons d'encens dans les marmites de bronze , les seaux d'offrandes d'objets du quotidien aux bonzes , les bougies .

Moi aussi j'achète une amulette , avec bouddha en terre cuite coincé dedans : c'est ma cinquième depuis le départ ! En fait, pour en avoir discuté sur Skype avec Edwige ( cf la promenade de santé de Torres del Paine) à 3ème mois de Tour du monde , on s'aperçoit que l'on a adopté tous les deux, à certaines étapes, quelques objets porte-chance locaux , certainement pour mieux garder et augmenter la nôtre .


 

Je repars de Bangkok, la veille de la grande manifestation des Rouges qui s'annonce massive, dans un vrai décor à la Blade Runner : au crépuscule , mon bus emprunte pendant des dizaines de kilomètres de circulations bouchonantes , voies rapides , auto-ponts, changeurs d'autoroutes urbaines, sous un vrai déluge orageux , longeant en hauteur les milliers de petites échoppes bâchées des vendeurs de brochettes et soupes éclairées au néon et collées aux buildings de béton, pour arriver au gigantesque et ultra-moderne aéroport international .

Mes premiers souvenirs cinématographiques de science fiction pourront bientôt se confronter à mes premiers - et très nombreux - souvenirs télévisuels : direction Tokyo .

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D
Salut Matthias, toujours un bonheur de te lire... Je largue les amarres pour l'ile de Palawan mercredi prochain. A+ Delphine
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