LUX, CALME, ET MARCHE A PIEDS - LUXEMBOURG 17/01-19/01/2011
Guilin-Luxembourg, allez simple ?
Pas vraiment .
Mais plutôt l'opportunité de savoir – pour moi d'abord ! - si je peux aussi trouver l'inspiration pour alimenter ce blog à 2 heures de Tgv en pays étranger, ou seulement à 10 heures de vol...
Alors , go to Lux ( pour les intimes - que je suis presque devenu ) .
A la base du sujet exotique : une invitation pour une petite escapade hivernale de mid-week, à laquelle j'ai dit banco !
Cette fois c'est Benjamin ( le fameux commentateur du présent blog ) et Julia qui s'y collent pour m'accueillir, dans le rôle des expats du jour .
Julia, sans doute pour tester ma auto-réputation de boussole, essaye en tout innocence de m'enfumer direct dès mon débarquement ferroviaire, par un tour motorisé et sportif du propriétaire et de sa géographie-géologie urbaine bien torturée .
On plonge, tourne, remonte, retourne , re-remonte, gauche, droite , gauche-gauche, sens unique, ruelles vs voies rapides, falaises, crevasses, ponts suspendus autour de l'éperon rocheux sur lequel est bâti la Ville Haute . Et, vu comme ça au premier abord , ça paraît d'emblée labyrinthique.
Julia-Circé a bien calculé son coup : je suis maintenant bien paumé, et donc de suite empreint au compliment sur sa nouvelle ville ( qu'elle aime beaucoup) grâce à cette douce sensation de curiosité restant à assouvir qui m'envahit . Ce qui signifie également que la lassitude ne sera pas encore de ce voyage-là …Cool .
La ville historique a été construite sur un promontoire : le « Gibraltar du Nord » indique le dépliant glacé du Grand-Duché . Enfin c'était surtout vrai avant que les Grands-Ducs ne deviennent définitivement pacifiques et que leurs extravagantes fortifications à la Vauban ne soient en très grande majorité démantelées il y a un bon gros siècle . Ce devait être vraiment impressionnant, d'autant plus que les quelques beaux restes ont tout de même mérités d'être classés par l'Unesco .
Aujourd'hui, Lux, c'est davantage la place forte de la Justice de l'Union Européenne, dont les nouveaux et toujours plus nombreux bâtiments emblématiques s'étendent sur le plateau qui fait face à la Ville proprement dite . Côte-côte avec les immeubles des « Invest corp yyy » et autres « Financial zzz » ( le vers serait-il dans la pomme ?) .
Déj avec Benj, puis c'est Julia qui me quitte avec quelques ultimes indications : « Là en bas, c'est Grund, le coin des restos , puis Clausen le coin pour sortir ! » . Les deux quartiers sont dans la Ville basse et bordent l'un des cours d'eau ( pas retenu son nom) .
A l'attaque ! Je me vois déjà bien confortablement installé dans le bar lounge du coin avec playslist easylistenning afin de prendre le temps de potasser le guide que l'on vient de me refiler. Et de satisfaire à la mission que mes deux amis m'ont assignée : faire un relevé aléatoire des coins sympas et lieux historiques qui tomberont sous mes yeux . Ca tombe bien, j'ai toujours l'esprit en mode « jeu de piste » depuis le beau succès de notre première Edition avec Cloé .
Sauf que l'on est lundi et que TOUT est fermé à cette heure de l'après-midi dans ces quartiers dédiés : première constatation sociologique , une partie du commerce de la Ville tourne uniquement autour des actifs résidents . Pas de oisifs de tous poils ici qui font fonctionner les bars/salons de thé en milieu de journée comme à Paris . Lux, c'est du sérieux .
Je galère un peu avec toutes ces rues qui ne remontent pas où je désire et tous ces ponts au dessus de ma tête , alors que ça creuse et que ça édifie à tout va alentour.
Une fois remonté à la Ville Haute, je systématise ma visite à la moindre ruelle portant témoignage gothique ou fenêtre renaissance . Du boulot propre . Repérage de musées flambant neufs pour le lendemain .
Florissante et bourgeoise petite Luxembourg .
Petite ?!?!?
Eh oui, parce que, maintenant seul, et au bout de quelques heures de déambulation urbaine dans tous les sens, la fumée de la magicienne s'est quand même bien vite dissipée !!! Et la vérité , c'est que c'est petit . Mais coquet. Même sous un ciel d'un gris tout droit sorti d'un paysage dépressif d'aciéries lorraines ( c'est à côté ) .
L'aciérie, cela semble avoir été le principal revenu du pays au cours des deux siècles précédents après un bon gros passage à vide suite aux méfaits de la Guerre de Trente Ans ( à vos manuels, les cocos) . Enfin, c'est ma propre déduction , vu qu'il n'y a pratiquement pas d'édifices de style 18ème. Et puis le bâtiment de l'Arbed il est vraiment très costaud, dans son style Beaux-Arts . L'Arbed , c'était la fleuron de l'industrie nationale . Avant que Mittal ( Laksmi pour les intimes – je sais, je fais pas mal dans l'intimité cette fois-ci ) ne viennent faire son marché en 2006 . Mais autres temps, autre monde . Aujourd'hui c'est celui de la Finance Reine ( après un petit dérapage ), et Luxembourg est son fidèle écuyer .
Plein de jeux de mots un peu partout à base de Lux , dans les journeaux , les noms des commerces, les publicités…sans que la petite cité soit luxueuse pour autant . C'est pas trop le style bling-bling moscovite ici . Pour la Luxembourgeoise type, on tape plutôt dans l'aisance toute faite de sobriété et d'efficacité germanique . Un luxe bourgeois , quoi !
Luxembourg c'est également le bon gros pot de miel du coin, qui attire nombre de bourdonnants belges, français, allemands frontaliers, qui dès avant 17H commencent à repartir dans leur ruche-dortoir , à Thionville, Arlon ou Longwy. Une heure de plus, et je reste bien seul dans la ville aux volets roulants descendus . Il est temps d'aller choper Benj à la sortie de son riant open-space, direction la casa . J'y retrouve, en plus de Julia, la pétillante Louisette et fait enfin la rencontre de Sasha , la jolie petite dernière, nouvelle née.
Le jour suivant , les petites déposées à la crèche, on file avec Julia découvrir le vraiment splendide musée d'Histoire et d'Art du Luxembourg. Initialement prévu pour une visite rapide, on y passe bien plus de deux heures à remonter , dans tous les sens du terme, le cours des siècles vu du point de vue Luxembourgeois . Un coup de coeur comme dirait mon guide de voyage préféré . Ce musée , comme ensuite celui de l'Histoire de la Ville de Luxembourg ( attention faut pas confondre …!) et du MUDAM ( art moderne) , seulement repérés, semble avoir été inauguré hier seulement . Sans aucune économie de moyens . Matériaux et muséologie tapent dans le luxe pour plus d'efficacité . Cette fois on peut le dire . Mais une ostentation à taille humaine . Et là c'est la seule différence avec les Emirats .
Car, oui, voilà, depuis que je suis arrivé, l'impression vague que j'ai eu s'est maintenant bien dissipé .
Je suis de retour dans un Emirat persique, coincé entre le Rhin et les Ardennes !
Tout me rappelle Dubai : des monarques, une démographie locale insuffisante mais polyglotte ( très impressionnant d'ailleurs le switch constant que font les locaux suivant leurs interlocuteurs, entre le français, l'allemand et le luxembourgeois) , des milliers d'expats au coeur de la Finance, des lieux de loisirs et de fêtes qui leur sont nouvellement dédiés, aucune patine des principaux bâtiments anciens, des quartiers d'affaire qui surgissent continuellement aux périphéries, des polémiques sociétales paraissant inexistantes ( la lecture du gratuit Point24 deux jours de suite pourrait faire penser que je suis chez les bisounours, un monde expurgé tous ces faits-divers et ses nouvelles négatives qui font les unes quotidiennes de nos médias – et que penser à la lecture de Luxuriant , le mag cultureux underground du coin, de l'interview de ce jeune cinéaste national de 27 ans (!) qui se plaint qu'il n'arrive pas à créer car aucune rebellion créatrice ne peut circuler dans ses veines du fait le pays lui donne tous les moyens et les subventions qu'il désire ! ) .
Après un petit sauté de marcassins, le programme de l'après-midi c'est une expédition le long de la Vallée dite des Sept Châteaux à quelques encablures de la capitale .
« Charmant, pittoresque, unique » nous dit le Petit Futé , qui n'est pas du coup le Petit Objectif . Si la nature est belle, il n'en est pas de même des villages ainsi qualifiés que nous traversons sous un ciel toujours plombé de gris . Ce temps maussade, c'est bien dommage , car j'avais déjà trouvé deux thèmes de séries photos pour apprenti Depardon, aiguillé par les remarques de Julia : les couleurs des maisons d'habitation , et les portes d'entrée . Les deux éléments respirent cette fameuse aisance dans les moyens, mais pas vraiment le goût le plus fin de ceux qui en ont fait le choix...
On se marre bien dans la Clio à découvrir, au détour des virages, des couleurs criardes inconnues et surtout mises en concurrence avec celles de la maison mitoyenne . Poussin/Curaçao/Fraise . Le village le plus Tequila Sunrise , c'est Koerich . En tout cas , il y a un truc à creuser de ce côté là, d'autant que chaque maison est dotée d'une porte d'entrée de pur style néo-post-contemporain, du plus belle effet Koundelitch .
Avec un rayon de soleil, ce bel ensemble, c'était l'extase du photographe !
Grosse journée .
Le lendemain, après un démarrage tranquilou, j'essaye quand même d'appuyer un peu sur le déclencheur malgré le temps jumeau au jour d'avant et d'avant : résultat , de la carte postale fadasse.
Alors, pour le déj, foin du marcassin , vive le tofu !
Cinq jours sans saveurs japonaises , j'ai pas pu tenir plus , et j'embarque Benj et Ju au Jap que j'ai repéré la veille . Des sobas, du age dashi tofu, et un tiramisu au matcha !!! Vrai de vrai . Ca s'appelle Go Ten , c'est 10 rue du Marché Aux Herbes, et c'est super bon !
Ensuite, c'est parti pour un dernier tour avec Julia, à escalader et descendre les vestiges de Vauban , en un beau chemin fléché de quelques heures .
Ainsi Luxembourg, c'est somme toute une très chouette et instructive escapade, à privilégier tout de même si vous avez des amis sur place , ou aux beaux jours !!!